lundi 20 mai 2013

le Caïre Gros [avorté]


Malgré un temps fort peu printanier (l'isotherme 0°c est tombé à 1700m en cette veille de pentecôte, et les montagnes ont revêtues leur accoutrement hivernal...) direction le Val de Blore ! Tout le long de la route la route il est possible d'apercevoir la Vésubie et ses affluents, vu le débit d'eau (une belle eau de fonte de neige) les truites doivent êtres bien calées !  

Le Val de Blore est composé de plusieurs hameaux (Saint Dalmas, la Bolline, la Roche) et d'une petite station de ski (la Colmiane), ces hameaux valent le détour de par leur authenticité. Les chalets aux toits de lauzes au milieu de ces vergers de montagne sont de toute beauté.

Ce sympathique circuit se fait en quasi-intégralité dans un milieu forestier, entre pins, mélèzes et sapins ... et vu la densité de fraisiers dans ces sous-bois je sais où je vais aller cet été faire mes cueillettes ! 

La randonnée : 

La ballade n'a (hélas) pas pu être menée à son terme, le collègue de randonné ayant une cheville douloureuse et la neige fraiche n'arrangeant rien, il a fallu renoncer par prudence. La ballade s'est donc arrêté 15 minutes après le col du Varaire (1710m).

Ce que l'on aime :
  • Une jolie vue sur les hauts sommets de la Vésubie (sommets du Vallon de Fenestre, sommets du Haut-Boréon), du Val de Blore, et de la Tinée (Mounier). 
  • Une ballade intégralement forestière.
Ce que l'on aime moins :
  • Le passage au milieu des coupes forestières est relativement inesthétique. 
Topo & Photos : 

Le Caïre Gros (2087m) vu depuis la route reliant la Colmiane à Saint-Dalmas

Le départ de la randonnée se fait directement depuis le village de Saint-Dalmas (1290m).

Saint-Dalmas Valdeblore (1)
Saint-Dalmas Valdeblore (2) et l'église de sainte-Croix
Plus au nord : la balma de la Frema et le baus de la Fréma. Au pied de la balme de la Fréma se trouve la via-ferrata de la Colmiane et son vertigineux pont de singe !

Baus et Balma de la Fréma
Vue sur le secteur de Millefont
La ballade se déroule tout le long sur un sentier agréable et ne présentant aucune difficultés majeures. En ouvrant l’œil et en étant un minimum observateur il est possible de contempler le vol des rapaces, les joutes des corbeaux, les fleurs printanières et les champignons ...

Champignon de printemps
La pluie de ces derniers jours a transformée certaines portions du sentier en véritable ruisseau .... il ne manque plus que les truites !

Chemin ou torrent ?

Heureusement qu'il y a quelques jolies fleurs de printemps parce que vu le climat on se croirait  plutôt en début d'hiver !
Arrivé au col du Varaire (1710m) l'objectif s'approche et la couche de neige se fait de plus en plus épaisse. Une petite chute de neige fraîche assez inhabituelle à cette époque (mi-mai) et à si basse altitude !

le Caïre Gros (2087m)
Au-delà du col du Varaire la forêt est "mutilée" par une coupe forestiére. 

Coupe forestière 
Vue sur le haut Boréon (au premier plan on distingue le pic de la Colmiane)
Vue sur le Val de Blore
Vue sur Millefont et le Mont Giraud (2606m)
La légende :


La Balma de la Frema

" Il fut un temps où le village de Saint-Dalmas était gouverné par un terrible seigneur qui, selon la tradition, exerçait son droit de cuissage. Or à la veille de ses noces, une jeune fille promise à un charpentier décida de s'enfuir pour échapper à l'odieuse épreuve.

La fuyarde se réfugia dans une grotte qui reçut le nom de "Balma de la Frema" (Balma signifie 'grotte') surplombant le village où, dans le plus grand secret, certains lui faisaient  parvenir quelques vivres. 

Mais le cruel seigneur la recherchait sans relâche. L'hiver approchant, ne pouvant regagner le village, elle se mit en route pour rejoindre des cousins en piémont, mal vêtue, mal chaussée et avec peu de nourriture. 

Bientôt elle se blessa le pied et eut la gangrène alors qu'elle passait le Col que l'on appela "Col du Pépoiri". Continuant en dépit de son mal insidieux et des premières neiges, la jeune fille marcha vers le nord, gravissant les montagnes... Lorsqu'en vue de la frontière piémontaise, une tempête de neige la surprit.

Après avoir trouvé un abris, elle attendit, attendit, attendit et s'endormit mais ne se réveilla pas. En sa mémoire, on appelle ce lieu "Col de Frema Morte". Quand à l'infâme seigneur, le malheureux charpentier se serait chargé de lui fendre le crâne avec la 'manaïro'  ".


Depuis ce jour le gentilé des habitants du Val de Blore est "Les manaïrouns" (de 'manaïre', la hache). 

vendredi 17 mai 2013

Citation de Montagne : Nietzsche



" 6000 pieds au dessus du niveau de la mer et bien plus haut encore au-dessus de toutes les choses humaines "


Circuit du Conquet


Malgré un réveil un peu tardif, c'est décidé : il faut partir randonner ! Alors ni une, ni deux direction la Vésubie. Après le village de Saint Martin Vésubie ("San Martin de Lantousca" en nissart) direction le petit village de Venanson (1160m), véritable nid d'aigle perché sur un éperon rocheux dominant la vallée de la Vésubie. 

Ce circuit est intéressant à plus d'un titre, notamment car il se fait immédiatement au départ d'un petit village. Le fief des "cugulés" (gentilé nissart des venansonnois) comporte plusieurs édifices religieux remarquables telle la chapelle Sainte-Claire et ses fresques. Il faut également signaler qu'un agriculteur du village a décider de créer .... une safranière ! Le crocus à safran ne craint pas les hivers rigoureux ...

La randonnée : 

Durée : 4h30.
Dénivelé : 780m.

Ce que l'on aime :

  • Une jolie vue sur les hauts sommets de la Vésubie (sommets du Vallon de Fenestre, sommets du Haut-Boréon) ;
  • Une ballade d'altitude moyenne qui reste praticable tard dans l'année et tôt après la fonte des neiges ; 
  • Une grande majorité de la ballade se déroule en forêt (idéal pour ceux qui craignent les coups de soleil).
Ce que l'on aime moins :

  • La fin de la ballade se fait en partie sur la route (super dépaysant le goudron et les bagnoles...); 
  • La proximité des pistes de ski de la Colmiane (bonjour le côté "nature sauvage").


Topo & Photos : 


Le départ de la randonnée se fait directement depuis le village de Venanson (1160m), à ce niveau le sentier chemine à travers les chalets, les granges et les murs en pierres sèches, véritables reliques d'une société rurale qui semble (hélas?) bien faire désormais partie du passé. 

Au départ du village...
A mesure que l'on s'éloigne du village on peut distinguer les granges du villars, petit hameau à quelques centaines de mètres du village. 

Les granges du villars
Désormais le sentier commence à grimper gentiment à travers les restanques abandonnées qui ne demandent à s'affaisser et les genêts, au loin et sous un ciel bien menaçant nous apercevons la cime de Montjoia et la cime de la Valette de Prals (2496m) encore ourlés des dernières neiges de la saison ...

(de gauche à droite: cime de la Valette de Prals et cime de Montjoia) Au second plan il est possible de deviner les tuyaux de la conduite forcée qui mène l'eau de la retenue du Boreon jusqu'à l'usine EDF de Saint-Martin

Après avoir quitté définitivement le village le sentier croise à plusieurs reprise une route asphalté, et mène au parking de celle-ci ou se trouve une citerne de la DFCI (défense de la foret contre les incendies). Un sympathique panorama (hélas bien bouché ce jour-là) s'ouvre sur le vallon de Fenestre et ses sommets (Ponset, Neiglier, Agnelière).

Un petit panorama sur Fenestre ... dommage que les nuages aient été de la partie ! 
Moins de 150 mètres après le parking, il est possible de découvrir au pied du Conquet (1776m) la vacherie de Venanson et sa toiture recouverte de panneaux solaires !

Au pied du Conquet: la vacherie de Venanson (1383m)
Après quelques centaines de mètres sur une piste, la randonnée se poursuit sur  un bucolique sentier forestier qui traverse un bois de buissons de buis et de mélèzes. L'aridité du début de randonnée laisse place à une bien jolie traversée forestière.

Et au milieu serpente une agréable sente
La traversée forestière débouche sur un versant plus aride où règnent les pins et  genêts et sur un abreuvoir qui sert au vaches et chevaux qui fréquentent le secteur. De ce versant il est possible d'apercevoir les toits de Venanson et la vallée de la Vésubie. 

Petit troupeau de chevaux
Le sommet du conquêt se rapproche doucement !
Après une courte traversée forestière le sentier nous mène au col de Colmiane (1641m), d'où débouche  une piste de la station de ski du même nom. Face au col de Colmiane on aperçoit le Baus de la Frema (2246m) et son environnement minéral à souhait.

Col de Colmiane : le Baus de la Frema sort des nuages...
A partir du col le sentier serpente à travers les buissons de buis.

En face sud : tête de Siruol (2053m)
Quelques mètres avant le sommet on découvre les restes des baraquements du blockhaus de conchetas, éléments de défense du SFAM (secteur fortifié des Alpes-Maritimes) connu également sous le nom de "ligne Maginot des Alpes".

Les restes des baraquements du blockhaus
L'entrée du blockhaus
Les créneaux des casemates : ouvert sur la crête frontière italienne
Vue sur les pistes de ski de la Colmiane et au second plan vue sur le Valdeblore
Vue sur le Boréon (sans le plafond nuageux il est possible de voir la cime du Mercantour, le Pélago, le Guillé, ...)
Du sommet le sentier redescend tranquillement, après quelques centaines de mètres le sentier passe devant l'arrivé du téléski du Conquet et devant le départ de la (bien raide) piste noire de la Colmiane.

Vue sur le Col Saint Martin et l'architecture discutable de la station de la Colmiane 
Le chemin redescend tranquillement le long d'une piste de ski, pour s'enfoncer dans la fôret. Après une assez longue descente dans un bois de pin, le chemin fini par déboucher sur la route qui relie Saint-Martin Vésubie à Venanson. Pour rejoindre Venanson il faut suivre la route, plusieurs raccourcis permettent de couper les lacets de la route.

Au sortir du sentier : pleine vue sur Saint-Martin Vésubie baigné de lumière 
Pour la petite histoire : 

Le Blockhaus de Conchetas (Blockhaus situé au sommet du Conquet) avait pour mission de surveiller la frontière italienne de l'époque qui passait au-dessus du col Saint-Martin et passait entre le Boréon et Saint-Martin Vésubie.

L'ouvrage était tenu par les hommes du 74ème Bataillon Alpin de Forteresse (BAF) et commandé par le sous-lieutenant Jean Bassompierre. Cet avant poste est intervenu au cours de l'offensive italienne en repoussant une offensive italienne qui visait la prise du col Saint-Martin. Face à cette situation, Bassompierre ordonna, sous le feu ennemi, de sortir une mitrailleuse de l'ouvrage afin d'élargir le champ de tir de celle-ci. Une fois l'armistice signé, Bassompierre aurait fait exploser les munitions avant de se replier vers Dignes.

Bassompierre, héros de la guerre de 1940, ultra de la collaboration entre 1941 et 1945.

Bassompierre fut également un ultra de la collaboration : proche de Joseph Darnand, il contribua à la création du SOL (service d'ordre légionnaire, mouvement préfigurant la Milice), et fut inspecteur général de la Milice. Lors de la débâcle de l'automne 1944, Bassompierre rejoint l'Allemagne où il s’engagea dans la 33ème division SS dite "division Charlemagne" (division de la waffen-SS composée de volontaires français).

Capturé par les polonais à la fin de la guerre, Bassompierre réussit à s'évader et rejoint Naples pour essayer de rejoindre l’Amérique du sud, destination de prédilection pour les anciens collaborateurs. Arrêté le 25 octobre 1945, il sera traduit devant la cour de justice de la Seine pour son rôle dans la répression de la mutinerie de la prison de la santé.

Condamné à mort par la cour de justice de la Seine le 17 janvier 1948, il sera fusillé au fort de Montrouge le 20 avril 1948.