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samedi 20 juillet 2013

Cime du Diable (2685m) depuis la pointe des 3 communes


(Randonnée effectuée à la fin du mois de juin 2013)

Après un bel hiver et une fin de fonte des neiges il est temps de faire chauffer les mollets : direction les hauts sommets. Et rien de tel que la cime du diable pour tester sa condition physique .... Physique, cette course l'est assurément ! 

Il est possible d'effectuer l’ascension de cette cime depuis 3 secteurs : depuis la haute vallée de la Gordolasque, depuis la Roya (au départ des Mesches) et depuis la pointe des 3 communes.

L’accès à la cime du diable s'effectue dans un environnement minéral et s’achève sur un sentier relativement aérien ... idéal pour ceux qui veulent prendre de la hauteur et s'échapper du marasme qui règne dans la plaine ! 

Ce que l'on aime : 
  • Un panorama sur les proches sommets (Bégo, Rocher des Merveilles, grand Capelet) de la vallée des Merveilles ainsi que sur les lacs de celle-ci.
  • La possibilité d'observer des animaux sauvages (chamois, marmotte, aigle, ...) et des troupeaux (brebis, chèvres, vaches).

Ce que l'on aime moins : 
  • Pas un brin d'ombre (et donc bonjour les coups de soleil sur les avants bras).
Topos & photos : 

La route : de Nice rejoindre le col de Turini, de là monter à la station du camp-d'argent puis se diriger vers la boucle de la pointe des 3 communes. se garer devant le monument aux morts érigé au pied de la redoute de la pointe des 3 communes. 

La redoute de la pointe des 3 communes (2080m) : une des derniéres poches de résistance de l'armée allemande dans les alpes en avril 1945.
Au départ du monument aux morts nous passons à proximité de la redoute de la pointe des trois communes, lieu chargé d'histoire qui fut notamment le théâtre de la bataille des Alpes au printemps 1945 opposant l'armée française et les troupes allemandes. 

A partir de là le chemin descend jusqu'à la baisse de de Saint Véran (1836m) et il est facile de visualiser une bonne partie du sentier. Face à nous se dressent le Capelet supérieur (2637m) et l'objectif du jour : la cime du diable (2685m)! 

Le sentier à flanc de cime ... et au fond : la cime du diable !
Arrivé à baisse de Saint Véran nous trouvons un poste militaire avancé (ouvrage de la ligne Maginot construit par les français dans les années 1930 en réactions aux déclarations belliqueuses de Mussolini).

Le petit ouvrage de la Baisse de Saint Véran 
Arrivé à la baisse de Saint Véran il faut remonter jusqu'au col de Raus (1999m) où nous trouvons encore d'autres ouvrages militaires. Il faut noter que la frontière franco italienne passait à l'époque à la cime du diable, ce qui explique la forte militarisation du secteur.

Avant poste du col de Raus
Vue sur la baisse de Saint-Véran et la pointe des 3 communes depuis le col de Raus
Arrivé à la baisse de Cavaline (2107m) nous suivons le sentier direction le sommet du Capelet supérieur. 

le Capelet supérieur (2637m)
Le sentier donne sur le vallon des granges du Colonel, petit affluent de la Gordolasque. Le sentier chemine agréablement au milieu de quelques petits massifs de rhododendrons.

Vu sur le vallon des granges du colonel depuis la baisse de cavaline
Les rhododendrons fleurissent en ce début de juillet
Alors que nous cheminons nous trouvons par ci par là quelques vestiges des combats de juin 1940 (combats franco-italiens) et des combats d'avril 1945. Nous trouvons quelques cartouches dévorées par la rouille et une balle.

Une balle trouvée à 1m du sentier ...
Nous continuons l'ascension et nous trouvons face à nous le pas du diable, que nous emprunterons pour le retour. 

Le pas du Diable (2450m) et arrière plan la montagne sacrée : le Mont Bégo !

Alors que nous approchons du sommet du capelet supérieur, la cime du diable se drape d'un fin voile de brouillard ... Serait-ce un tour de magie du maitre de ces lieux ??? A défaut de croiser le diable nous allons observer pendant quelques minutes le vol de l'Aigle ! 

La cime du Diable se rapproche et son sommet se pare d'un voile de brouillard !
Après un dernier effort dans un beau pierrier nous accédons enfin à la cime du Diable, ou personne ne nous attends ! Aucune trace de Satan, Lucifer ou de Belzébuth, ce sommet ne mérite pas son nom.... A défaut de prendre l'apéro avec le diable, nous dégustons un casse-dalle bien mérité dans le silence et la solitude de la cime ... quel plaisir !

Quand le brouillard se lève nous sommes subjugués par un panorama grandiose. Nous nous trouvons face au mont Bégo (2872m), véritable montagne sacrée des tribus celto-ligures qui gravèrent les gravures rupestres qui font la renommée de la vallée des merveilles.

Le mont Bégo (2872m) : Montagne sacrée des bergers celto-ligures de l'âge du bronze
Les lacs d'enfer émergent doucement de leur banquise hivernale !
Le lac de la muta
Le retour s'effectue en descendant jusqu'au pas du trem, de là l'on gagne le pas du Diable puis le chemin serpente d'un versant à l'autre de la montagne pour retourner vers l'Authion. 

Histoire & Légende : 

La légende de la cime du diable (vue depuis le 21ème siècle !).

Chacun sait que l’empereur des démons affectionne les lieux hauts, observatoires naturels d’où il contemple une ou plusieurs provinces de son empire, et surveille ses préfets,  ambassadeurs et ses autres commis, toute la légion des tentateurs en sous-ordre délégué par lui dans chaque coin de terre habité, avec mission de faire échec aux anges gardiens que la providence divine attache à la personne des faibles humains.

[…]

Ce qui a fait préférer au diable cette cime baptisé de son nom aux sommets plus élevés du Mercantour est la présence des lacs d’Enfers, si profond qu’ils communiquent, de cavernes en cavernes avec les bureaux de ses ministères (ce qui est, entre nous soit dit, autrement plus efficace que la freebox HD) !

Ainsi l’installation du prince des ténèbres sur l’observatoire de la Cime du diable n’a pas été décidée à la légère, mais est belle est bien le fruit d’une réflexion hautement managériale couplée à une étude benchmark proactive !

[…]

Lassés des méfaits de Belzébuth (outrage aux dépositaires de la force publique, trafic de cannabis, incitation à la débauche des mineurs …) les habitants des hautes vallées décidèrent de mettre un terme à cette galéjade.

Ainsi les habitants de Belvédère (les barverencs) décidèrent un beau matin de partir à l’assaut de la villégiature alpine du démon. Nos montagnards avaient pris le soin de monter au combat derrière un jeune et intrépide curé …

[…]

Arrivé devant le plus grand des lacs d’Enfer le curé adressa quelques sommations en latin à l’hôte récalcitrant qui faisait le mort (en réalité le prince des ténèbres n’a jamais été féru de langue morte et quelques injonctions en verlan eurent été plus efficaces).

Les prières finirent bien par avoir raison du sommeil du cornu, qui se décida à pointer le nez hors de son lac … A peine eut-il répondu « wesh gros ? » qu’une salve de flash-ball à l’eau bénite le renvoya au fond de son aquarium géant.

Après un combat eschatologique à l’issue incertaine le diable fini par rendre les armes et dit « je baisse le pavillon devant vous et vous laisse cette cime que vous pouvez désormais renommer à votre convenance. Maintenant je vous assigne rendez-vous sur la place publique de Belvédère où vos femmes attendent impatiemment des nouvelles de votre expédition …. ».

A l’idée que leurs femmes allaient avoir une légion de diables au corps, les maris dirent d’une seule voix «  rester donc messire Satan et soyez à jamais chez vous sur cette cime !!! Nous jurons de plus y monter ni croix, ni goupillon ».

Depuis il n’a plus jamais été question d’exorciser ou de débaptiser la cime du diable.

[Libre adaptation de la version présentée dans les « Contes et légendes du pays niçois », Edouard CHANAL].

Histoire.

Le secteur de la cime de l'Authion a été l'enjeu de plusieurs opérations militaires au cours de plusieurs conflits (guerre de 1794 entre la France révolutionnaire et la coalition austro-sarde, bataille des alpes en 1940 contre les italiens ou encore libération de la France en 1945 contre les troupes allemandes et italiennes). Cela explique notamment la forte militarisation du secteur, en effet la cime de l'Authion permet de contrôler la vallée de la Roya, porte d’accès au Piémont.

Les opérations militaires d'avril 1945, connues sous le nom de code "opération canard" ont coûtées la vie à 273 soldats et ont fait plus de 500 blessés. Si aujourd’hui ce coin de montagne nous semble idyllique il ne faut pas oublier qu'il a été miné, que les casemates tenues par les troupes allemandes ont été bombardées par l'aviation et par la marine .... Tout cela a eu lieu il y a moins de 70 ans ! 

Pour ceux qui sont intéressés par les fortifications militaires, la revue "Lou Sourgentin" (la revue culturelle bilingue nissart-français) publie dans son numéro n°207 (juin-juillet 2013) un dossier spécial sur les fortifications militaires dans le pays niçois.

Lou sourgentin : la revue culturelle des amoureux du païs nissart !






vendredi 17 mai 2013

Circuit du Conquet


Malgré un réveil un peu tardif, c'est décidé : il faut partir randonner ! Alors ni une, ni deux direction la Vésubie. Après le village de Saint Martin Vésubie ("San Martin de Lantousca" en nissart) direction le petit village de Venanson (1160m), véritable nid d'aigle perché sur un éperon rocheux dominant la vallée de la Vésubie. 

Ce circuit est intéressant à plus d'un titre, notamment car il se fait immédiatement au départ d'un petit village. Le fief des "cugulés" (gentilé nissart des venansonnois) comporte plusieurs édifices religieux remarquables telle la chapelle Sainte-Claire et ses fresques. Il faut également signaler qu'un agriculteur du village a décider de créer .... une safranière ! Le crocus à safran ne craint pas les hivers rigoureux ...

La randonnée : 

Durée : 4h30.
Dénivelé : 780m.

Ce que l'on aime :

  • Une jolie vue sur les hauts sommets de la Vésubie (sommets du Vallon de Fenestre, sommets du Haut-Boréon) ;
  • Une ballade d'altitude moyenne qui reste praticable tard dans l'année et tôt après la fonte des neiges ; 
  • Une grande majorité de la ballade se déroule en forêt (idéal pour ceux qui craignent les coups de soleil).
Ce que l'on aime moins :

  • La fin de la ballade se fait en partie sur la route (super dépaysant le goudron et les bagnoles...); 
  • La proximité des pistes de ski de la Colmiane (bonjour le côté "nature sauvage").


Topo & Photos : 


Le départ de la randonnée se fait directement depuis le village de Venanson (1160m), à ce niveau le sentier chemine à travers les chalets, les granges et les murs en pierres sèches, véritables reliques d'une société rurale qui semble (hélas?) bien faire désormais partie du passé. 

Au départ du village...
A mesure que l'on s'éloigne du village on peut distinguer les granges du villars, petit hameau à quelques centaines de mètres du village. 

Les granges du villars
Désormais le sentier commence à grimper gentiment à travers les restanques abandonnées qui ne demandent à s'affaisser et les genêts, au loin et sous un ciel bien menaçant nous apercevons la cime de Montjoia et la cime de la Valette de Prals (2496m) encore ourlés des dernières neiges de la saison ...

(de gauche à droite: cime de la Valette de Prals et cime de Montjoia) Au second plan il est possible de deviner les tuyaux de la conduite forcée qui mène l'eau de la retenue du Boreon jusqu'à l'usine EDF de Saint-Martin

Après avoir quitté définitivement le village le sentier croise à plusieurs reprise une route asphalté, et mène au parking de celle-ci ou se trouve une citerne de la DFCI (défense de la foret contre les incendies). Un sympathique panorama (hélas bien bouché ce jour-là) s'ouvre sur le vallon de Fenestre et ses sommets (Ponset, Neiglier, Agnelière).

Un petit panorama sur Fenestre ... dommage que les nuages aient été de la partie ! 
Moins de 150 mètres après le parking, il est possible de découvrir au pied du Conquet (1776m) la vacherie de Venanson et sa toiture recouverte de panneaux solaires !

Au pied du Conquet: la vacherie de Venanson (1383m)
Après quelques centaines de mètres sur une piste, la randonnée se poursuit sur  un bucolique sentier forestier qui traverse un bois de buissons de buis et de mélèzes. L'aridité du début de randonnée laisse place à une bien jolie traversée forestière.

Et au milieu serpente une agréable sente
La traversée forestière débouche sur un versant plus aride où règnent les pins et  genêts et sur un abreuvoir qui sert au vaches et chevaux qui fréquentent le secteur. De ce versant il est possible d'apercevoir les toits de Venanson et la vallée de la Vésubie. 

Petit troupeau de chevaux
Le sommet du conquêt se rapproche doucement !
Après une courte traversée forestière le sentier nous mène au col de Colmiane (1641m), d'où débouche  une piste de la station de ski du même nom. Face au col de Colmiane on aperçoit le Baus de la Frema (2246m) et son environnement minéral à souhait.

Col de Colmiane : le Baus de la Frema sort des nuages...
A partir du col le sentier serpente à travers les buissons de buis.

En face sud : tête de Siruol (2053m)
Quelques mètres avant le sommet on découvre les restes des baraquements du blockhaus de conchetas, éléments de défense du SFAM (secteur fortifié des Alpes-Maritimes) connu également sous le nom de "ligne Maginot des Alpes".

Les restes des baraquements du blockhaus
L'entrée du blockhaus
Les créneaux des casemates : ouvert sur la crête frontière italienne
Vue sur les pistes de ski de la Colmiane et au second plan vue sur le Valdeblore
Vue sur le Boréon (sans le plafond nuageux il est possible de voir la cime du Mercantour, le Pélago, le Guillé, ...)
Du sommet le sentier redescend tranquillement, après quelques centaines de mètres le sentier passe devant l'arrivé du téléski du Conquet et devant le départ de la (bien raide) piste noire de la Colmiane.

Vue sur le Col Saint Martin et l'architecture discutable de la station de la Colmiane 
Le chemin redescend tranquillement le long d'une piste de ski, pour s'enfoncer dans la fôret. Après une assez longue descente dans un bois de pin, le chemin fini par déboucher sur la route qui relie Saint-Martin Vésubie à Venanson. Pour rejoindre Venanson il faut suivre la route, plusieurs raccourcis permettent de couper les lacets de la route.

Au sortir du sentier : pleine vue sur Saint-Martin Vésubie baigné de lumière 
Pour la petite histoire : 

Le Blockhaus de Conchetas (Blockhaus situé au sommet du Conquet) avait pour mission de surveiller la frontière italienne de l'époque qui passait au-dessus du col Saint-Martin et passait entre le Boréon et Saint-Martin Vésubie.

L'ouvrage était tenu par les hommes du 74ème Bataillon Alpin de Forteresse (BAF) et commandé par le sous-lieutenant Jean Bassompierre. Cet avant poste est intervenu au cours de l'offensive italienne en repoussant une offensive italienne qui visait la prise du col Saint-Martin. Face à cette situation, Bassompierre ordonna, sous le feu ennemi, de sortir une mitrailleuse de l'ouvrage afin d'élargir le champ de tir de celle-ci. Une fois l'armistice signé, Bassompierre aurait fait exploser les munitions avant de se replier vers Dignes.

Bassompierre, héros de la guerre de 1940, ultra de la collaboration entre 1941 et 1945.

Bassompierre fut également un ultra de la collaboration : proche de Joseph Darnand, il contribua à la création du SOL (service d'ordre légionnaire, mouvement préfigurant la Milice), et fut inspecteur général de la Milice. Lors de la débâcle de l'automne 1944, Bassompierre rejoint l'Allemagne où il s’engagea dans la 33ème division SS dite "division Charlemagne" (division de la waffen-SS composée de volontaires français).

Capturé par les polonais à la fin de la guerre, Bassompierre réussit à s'évader et rejoint Naples pour essayer de rejoindre l’Amérique du sud, destination de prédilection pour les anciens collaborateurs. Arrêté le 25 octobre 1945, il sera traduit devant la cour de justice de la Seine pour son rôle dans la répression de la mutinerie de la prison de la santé.

Condamné à mort par la cour de justice de la Seine le 17 janvier 1948, il sera fusillé au fort de Montrouge le 20 avril 1948.